Le Rendez-vous de l’été, de Valentine Cadic : un rendez-vous à ne pas manquer !

L’année dernière, un film français a mis au premier plan un personnage dont la caractéristique principale était : la gentillesse. Quelques mois plus tard, l’acteur qui incarnait ce personnage a reçu le César du meilleur acteur et a rendu hommage à cette qualité :

© Canal Plus.

Et si, avec Le Rendez-vous de l’Été, on avait rencontré son équivalent féminin ? Elle s’appelle Blandine et elle débarque à Paris pour les Jeux Olympiques d’août 2024. Avec son gros sac à dos, elle se fait exclure de l’événement sportif qui l’avait fait venir. Puis elle se fait exclure de l’auberge de jeunesse où elle a réservé une place. Puis elle se fait exclure de l’appartement où elle a miraculeusement trouvé une alternative pour se loger… Autant dire qu’elle n’est nulle part à sa place, et pourtant c’est la plus merveilleuse des compagnes. Jamais elle ne se met en colère, toujours elle est prête à rendre service, elle pousse la délicatesse jusqu’à s’inventer un rendez-vous avec une amie pour ne pas culpabiliser la parisienne qui l’a mise dehors… Et pourtant, avec toutes ces qualités, elle se fait jeter de partout. Et si cela disait quelque chose de notre temps ? C’est quoi cette époque où il ne fait pas bon être ouvert et altruiste et conciliant ?

« T’es une drôle de fille », lui dit un jeune homme embauché pour effectuer divers travaux aux abords d’une piscine olympique. Ils font connaissance, il lui donne rendez-vous le lendemain, elle accepte alors on se dit : « Tiens, va-t-il se passer quelque chose entre eux ? » Et puis elle n’y va pas alors on se dit : « Ah, non. » Arrive le surlendemain et elle y retourne alors on se dit : « Ah bon ? » Et c’est ainsi qu’on navigue à vue avec elle, et comme c’est agréable, de se laisser porter dans Paris au mois d’août, en si belle compagnie. On accepte toutes les bifurcations, toutes les surprises, puisque le film nous met en condition, par imitation, d’être aussi disponibles que son attachante protagoniste. Et ça fait du bien, on sort de là enrichi.

En plus de mettre nos pas dans ceux d’une belle personne qui doit beaucoup à son interprète, Blandine Madec, la cinéaste nous plonge dans une matière documentaire sur une parenthèse enchantée, quelques semaines (quelques jours pour Blandine) où Paris a vécu au rythme des performances de sportifs venus du monde entier et s’est peuplé d’une foule joyeuse, curieuse et partageuse. En même temps, elle capte le coût social de cette débauche de moyens que la capitale française a déployés pour accueillir cette manifestation monstre et tous ses à-côtés. Elle arrête sa caméra, sans insister, sur les affiches qui dénoncent le nettoyage de la ville par l’exclusion des SDF. Elle crée un personnage anti-JO et sa bande de militants qui vont entraîner Blandine… chez les flics, pour une scène drolatique et inattendue de plus. Vraiment, ce film a la grâce, tout ce qu’il touche nous enchante. Et il a la politesse de ne durer qu’1h17, alors qu’on lui aurait bien volontiers accordé un peu plus de notre temps.

Isabelle DEVAUX

Le Rendez-vous de l’été passe au Méliès jusqu’au 1er juillet.

© Photomontage I. Devaux avec images du distributeur New Story.