Aujourd’hui (30 septembre 2023), Raphael Balboni vient présenter au Méliès le nouveau film qu’il a réalisé avec Ann Sirot : Le Syndrome des amours passées. La dernière fois, c’était elle qui était venue au Méliès, en 2021, pour présenter leur premier long métrage, Une vie démente. Un film resté dans la mémoire (et dans le coeur) de tous ceux qui l’ont vu !
Voilà un film incroyable, qui vous cueille dès le début pour vous mener très loin dans l’émotion et la réflexion constamment imbriquées..
C’est l’histoire d’un jeune couple qui doit gérer le basculement de la mère du jeune homme dans la maladie d’Alzheimer. Ca n’arrive pas tout d’un coup, il y a d’abord des signaux qu’ils ne comprennent pas tout de suite, et puis peu à peu, ils réalisent qu’ils la perdent, que progressivement elle devient une autre personne, qu’ils doivent faire le deuil de la femme qu’elle était et apprendre à vivre avec une nouvelle femme, difficile à gérer parce que faisant des bêtises qui peuvent la mettre en danger, mais conservant le côté fantasque qu’elle a toujours eu.
Ce qui est le plus passionnant, c’est que c’est la description d’un chemin. Au début, il y a comme d’inévitables moments de maltraitance, quand on ne sait pas encore comment gérer cette situation, et puis ils apprennent, enfin surtout le fils, il apprend à accepter ce qui se passe et surtout à vivre avec, à ne pas s’arrêter de vivre sa vie mais à accueillir, à faire une place à cette charge, en apprenant à ne pas la considérer comme une charge.
Formellement, l’originalité est de la partie, avec des saynètes où les personnages sont face caméra, interrogés par l’administration, devant des murs aux couleurs pimpantes, assortis à leurs tenues. Et surtout, avec cette belle idée de la parure de lit offerte par la maman au début du film et dont les motifs, petit à petit, envahissent tout l’espace de vie du jeune couple, comme le montre l’affiche.
Ca commence comme une comédie, franchement dès la première scène on rit de bon coeur, et puis à mesure qu’on avance dans l’histoire on est étreint par l’émotion comme devant un mélo, et puis revient la comédie, et re le mélo, et des fois les deux sont dans la même scène, c’est d’une délicatesse et d’une intelligence merveilleuses. Franchement, le spectateur est traité avec de tels égards qu’il pense à ses parents, quand il en a eu qui ont vrillé comme ça, et qu’il se prend à rêver que toutes les personnes âgées qui perdent la raison soient traitées avec autant de respect, de créativité, d’humanité…
Isabelle DEVAUX