Nous sommes dans les Alpes suisses en 1962. Johannes, physicien allemand, se rend à un congrès de physique dans un grand hôtel et découvre un monde à la fois inquiétant et merveilleux, au diapason de sa théorie des univers parallèles. Le congrès tourne court puisque le physicien iranien, principal invité, est empêché.
Dans une ambiance quelque peu rétro, marquée par une esthétique en noir et blanc très contrastée rappelant l’expressionisme allemand, le film reste lisible malgré un mélange des genres bienvenu : du suspens, des personnages louches, des paradoxes spatio-temporels. Est-ce un film d’amour ? Un thriller ? Un film fantastique ? Une fable philosophique ? Un film d’aventure ? C’est tout ça et même un peu plus.
L’intrigue repose sur une extrapolation de la théorie des quanta qui permet à certains audacieux de développer le principe du multivers à l’origine de phénomènes troublants : un physicien meurt pour réapparaître plus tard, une pianiste est en même temps présente et absente. Pour le plus grand plaisir de notre physicien qui voit sa théorie de l’existence de mondes parallèles validée et dont son professeur psychorigide interprété par l’immense Hanns Zischler en dit le plus grand mal.
La montagne va jouer un grand rôle dans le récit. Au fur et à mesure que notre héros quitte les sommets enneigés et leur blancheur éclatante pour s’enfoncer dans le cœur sombre de la montagne, le récit déraille progressivement vers la folie et l’abstraction pour se clore sur un épisode un peu convenu et décevant ne nuisant pas pour autant à l’écriture très maîtrisée du film.
Voilà un film qui fait un pas de côté en refusant les codes du didactisme et du démonstratif (je ne nommerai personne).
Le mystère rôde. A consommer sans modération comme l’a dit Sylvie dans une précédente chronique.
Patrick JOFFRE