Le titre du film est un peu mystérieux : si mal, il y a, où le trouve-t-on et sous quelle forme ?
Nous sommes à une embardée de Tokyo dans le village de Mizubiki où vivent Takumi (homme à tout faire comme il se définit) et sa fille Hana. Ici, chacun habite en harmonie avec la nature, coupe son bois, puise son eau à une source auprès des arbres, jusqu’au jour où un projet de glamping (une concentration de glamour et de camping) bouleverse l’harmonie des villageois.
Il ne s’agit pas d’un classique combat entre méchants citadins assoiffés d’une nature fantasmée et gentils villageois perdants face au tourisme rampant. Un dialogue naît entre les habitants du village et Takhashi et Mayusumi, salariés d’une agence de communication, venus de Tokyo pour présenter un projet de camping pour urbains aisés en mal de nature. Pas de dialogue de sourds, on s’écoute. Il ne s’agit pas de s’opposer au projet par tradition ou pour ne pas faire offense aux esprits des anciens, comme l’explique Takumi (« ici, nous sommes tous des étrangers »). Non, il s’agit de défendre la qualité de l’eau. Le débat autour du positionnement de la fosse septique dans le projet montre l’ignorance de son concepteur.
Le film revêt un caractère documentaire et il faut, pour en apprécier toute la portée et la profondeur, accepter son rythme lent, savoir contempler la nature. Car le film prend le temps. Vous apprendrez comment débiter une bille de bois, comment différencier les essences des arbres, etc. Beaucoup de choses passent par la parole notamment dans la scène du Conseil de quartier. Une pointe d’humour avec une scène au cours de laquelle Takhashi demande à Takumi sa carte de visite, petite scène symbolisant la rencontre entre deux modes de vie aux antipodes.
Et puis, disons que l’on passe de la parole aux actes. Balayées les nuances. Un final qui, si vous aimez le cinéma de David Lynch, vous ravira.
Voilà une belle invitation au voyage avec de la splendeur, de la drôlerie, du fantastique et du tragique…
Patrick JOFFRE