EL PROFESSOR de Maria Alché et Benjamin Naishat

Variantes de l’affiche originale du film, bien plus inspirées que l’affiche française…

Benjamin Naishat était présent au festival de la Rochelle pour présenter son dernier film co-réalisé avec Maria Alché.

Contrairement à ses 3 films précédents (Histoire de la peur, El Movimiento et Rojo), qui étaient sur un registre dramatique, El Profesor est une comédie satirique qui se déroule uniquement dans la ville de Buenos Aires et dans un périmètre proche de l’université de Puan.

Durant sa conférence, le réalisateur dit : « Nous sommes partis de la tension qui existe entre le fait que les sciences humaines, en particulier la philosophie qui est une science supposée poser les questions les plus essentielles, continuent à être enseignées, étudiées pendant de longues années, et la période que traverse ce pays (l’Argentine) qui s ‘effondre, et qui va à l’encontre du questionnement même des choses. Nous nous sommes dit que c ‘est comique, voire absurde de mettre en scène un philosophe dans ce contexte. »

De fait, on s’amuse beaucoup, souvent aux dépens de Marcelo, profondément humain, sympathique, maladroit et touchant, empreint de la légendaire nostalgie portègne (de Buenos Aires).

En plus de ses cours à la faculté – toujours payés en retard – comme beaucoup de ses collègues et compatriotes il doit faire des boulots d’appoint pas toujours gratifiants et parfois ubuesques.

Lorsqu’il est pressenti pour reprendre la chaire de son mentor brutalement décédé apparaît Rafael, un bellâtre outrecuidant, certes argentin mais qui a fait sa carrière en Allemagne et cite Heidegger dans le texte. Pour lui, le vin et les empanadas sont les seules bonnes choses dans ce pays à part sa fiancée, jeune actrice en vogue dont bien sur Marcelo n’a jamais entendu parler !

Marcelo est intègre, il aime sa famille, ses étudiants, sa ville fourmillante.
Ma scène préférée est celle où il se confond en excuses après avoir pris une femme indigène – c ‘est ainsi qu’on appelle en Argentine les descendants d’Indiens, ce qui pour des Européens est péjoratif – pour une domestique alors qu’elle est une grande professeure de philosophie en Bolivie. C ‘est cela aussi, l’Argentine…

Les scènes finales (qu’on ne racontera pas) mettent en exergue la réalité politique, économique et sociale que traverse le pays, mais surtout l’humanité, le sens de la justice, la délicatesse, la poésie, en un mot le sursaut del profesor.

Marie-Christine