Le Beau Rôle, de Victor Rodenbach

On est embarqué dès la première image, une entrée savoureuse qui nous plonge tout de suite dans le bain.  Le rythme n’est jamais lâché. La tension dramatique est toujours là. On passe d’une séquence à une autre avec fluidité. On ne s’embête jamais au cours de cette heure 34mn.

Un couple de théâtreux se déchire quand le comédien abandonne la scène pour aller faire du cinéma. A partir de ce pitch simple, les deux interprètes, Vimala Pons et William Lebghil, sont remarquables de justesse, partageant leur enthousiasme du jeu théâtral et jouant toute la gamme des sentiments amoureux d’un couple de passionnés qui ne ne sait plus s’écouter.

Le film interroge notre relation au couple et à l’amour : mauvaise foi, rancune non dite, extrême attachement, désir non exprimé, sentiments oubliés. Ce n’est pas traité comme des postulats abstraits, c’est là, autour de la table, dans l’appartement, dans la voiture ou le compartiment.

L’homme s’agite, prend des trains, des métros, fait du vélo comme s’il voulait nous dire le naufrage des sentiments qu’il traverse. La femme s’enlise dans une mise en scène qui n’avance pas et une troupe d’acteurs récalcitrants. Ça bouscule nos idées reçues. C’est réjouissant, drôle, léger et jubilatoire.

On aurait tort de le voir comme un bon film du dimanche soir. Il est beaucoup plus que ça. Il est bien construit, subtil et percutant. C’est un coup de cœur du Mélies.

Pierre Hedrich