Vous est-il déjà arrivé de sourire pendant toute la projection d’un film ? C’est l’effet que m’a fait FiFi, je ne sais pas si ça m’était déjà arrivé, j’ai été sous le charme du début à la fin !
Le CHARME, voilà le mot clé ! Céleste Brunnquell, je l’avais découverte dans Les Eblouis, un film de 2019 où elle jouait le rôle d’une aînée de 12 ans qui se rendait compte que ses parents avaient intégré une secte et qui se démenait pour sauver ses petits frères et sœurs de l’emprise. Et puis pendant le premier confinement du Covid, je l’ai redécouverte dans En Thérapie bien sûr, comme des millions de Français qu’elle a marqués je pense, par les plans où la caméra s’approchait de son visage et de ses grands yeux bleus, par ses silences lourds de sens, sa fraîcheur, sa justesse et son intensité.
Quentin Dolmaire, il a « explosé » dès sa première apparition, il était tellement parfait en Matthieu Amalric jeune, dans Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Depleschin. J’adore Matthieu Amalric, alors le découvrir si parfaitement incarné dans sa version jeune… ça m’a fait adorer celui qui réussissait cet exploit, direct ! Après, j’ai encore plus pris la mesure de son talent si singulier dans la série OVNI(s), son phrasé inimitable, sa façon de savourer les mots qui lui fait transformer le moindre dialogue en pépite, son côté doux rêveur si évident que ce n’est pas qu’un côté, ça les est tous !
FiFi a la merveilleuse idée de les réunir. FiFi, c’est ainsi que sa famille appelle Sophie, 15 ans. Elle n’est pas l’aînée cette fois mais elle fait toujours partie d’une fratrie nombreuse, si nombreuse qu’on manque de place, dans l’appartement HLM où elle habite. Alors, quand l’occasion se présente de chiper les clés d’une grande maison bourgeoise, juste avant que ses occupants partent en vacances, ni une ni deux FiFi s’en empare. Puis, alors qu’elle s’offre un de ces moments de solitude dont elle a tant besoin, dans la grande maison vide, le fils de famille débarque. Gros flip, explications, départ précipité alors oubli et quand elle revient chercher ce qu’elle a oublié, il l’accueille non comme une voleuse mais en mode : « faisons connaissance ».
Il a 23 ans, elle 15. Amateurs de bluettes, passez votre chemin. C’est tellement mieux que ce à quoi on pourrait s’attendre ! Autour d’un job d’été à domicile, qu’ils accomplissent à deux, ils discutent. Lui est à un moment de sa vie où il se sent un peu paumé. Elle… Elle n’est absolument pas dans la séduction, elle ne minaude pas, jamais. Simplement, elle a la tête sur les épaules, elle est posée, elle réfléchit. Si jeune, elle est déjà quelqu’un sur qui on peut compter. Au jugement de qui l’on peut se fier. Exactement ce dont il a besoin.
En filigrane, il y a certes une réflexion sur les rapports familiaux, et aussi sur les différences de classe ; mais jamais on ne tombe dans le cliché. Tous les personnages même les plus furtifs sonnent vrais, si bien qu’on est souvent surpris. Serait-on tenté de juger la mère de FiFi, de la qualifier d’irresponsable ? Une phrase nous la rend sympathique et complexifie notre rapport au personnage. Tout est à l’avenant, jusqu’à ce qu’on découvre, dans une dernière scène, une de plus inattendue, ce que FiFi avait en tête, et qui nous la fait aimer encore plus.
Isabelle DEVAUX
Pour prolonger le plaisir, écoutez les deux interprètes dans l’émission de France Inter : On aura tout vu du 17 juin, 2023.